Analyse

Les Français se disent de moins en moins sexistes

De moins en moins de Français pensent que femmes et hommes devraient avoir des rôles différenciés. Malgré ces évolutions, le sexisme persiste.

Publié le 4 mars 2024

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Modes de vie Femmes et hommes Valeurs

Un nombre croissant de Français estiment que les rôles des femmes et des hommes devraient être indifférenciés. Le classique « l’homme au travail/la femme à la maison » fait de moins en moins d’adeptes. Ce qui n’empêche qu’un long chemin reste à faire.

Au début des années 2000, la part de ceux qui estimaient que « dans l’idéal, les femmes devraient rester à la maison pour élever leurs enfants » était presque équivalente à la part de ceux qui pensaient le contraire. Aujourd’hui, 80 % de la population n’est pas d’accord avec cette affirmation, selon les données 2022 du ministère des Solidarités. En 1990, près des deux tiers des Français étaient plutôt ou tout à fait d’accord avec l’affirmation « avoir un travail c’est bien, mais ce que la plupart des femmes veulent vraiment, c’est un foyer et un enfant ». Cette proportion est tombée à 40 % en 2018, selon l’enquête Arval sur les valeurs des Français. La part des « tout à fait d’accord » a été divisée par deux, passant de 21 % à 12 % sur la même période. Enfin, la proportion de la population qui juge que le partage des tâches domestiques est « très important » pour la réussite d’un couple est passée de 33 % en 1981 à 46 % en 2018.

Malgré ces avancées, le sexisme est loin d’avoir disparu : « En dépit d’une sensibilité toujours plus grande aux inégalités depuis #metoo, les clichés et les stéréotypes sexistes perdurent », rappelle le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes dans son rapport sur l’état du sexisme en France [1]. 17 % des Français estiment que le fait qu’une femme cuisine tous les jours pour toute la famille est « normal » ou « très bien ». 8 % de la population trouve « normal » le fait qu’un homme refuse que sa conjointe rencontre d’autres hommes et 13 % n’y voient pas d’objection.

Dans une analyse détaillée des rôles sociaux des hommes et des femmes [2], le sociologue Adrien Papuchon souligne l’influence de l’élévation du niveau d’éducation sur le recul des stéréotypes de genre au fil des générations, notamment à partir de celles nées après la Seconde Guerre mondiale. Mais il nuance : « Le pas accompli est toutefois limité et ambivalent, dans la mesure où il s’est accompagné du développement d’une « double journée de travail » féminine et de la persistance de l’idée d’une « vocation parentale » spécifique aux femmes ». Le chemin qui reste à parcourir est encore long, et l’audience donnée aux militants du retour à une répartition traditionnelle sexuée des rôles, particulièrement via les réseaux sociaux, indique que les progrès en matière d’égalité entre les femmes et les hommes peuvent toujours être remis en cause.

Lecture : en 2022, 80 % des Français ne sont pas d'accord avec la phrase : « Dans l'idéal, les femmes devraient rester à la maison pour élever leurs enfants ».

Source : ministère des Solidarités – © Observatoire des inégalités

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Lecture : en 2018, 12 % des Français déclarent être tout à fait d'accord avec la phrase : « Avoir un travail, c'est bien, mais ce que la plupart des femmes veulent vraiment, c'est un foyer et un enfant ».

Source : Arval – © Observatoire des inégalités

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Lecture : en 2018, 46 % des Français déclarent que le partage des tâches ménagères est une condition très importante du succès d'une vie de couple.

Source : Arval – © Observatoire des inégalités

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Photo / CC by Oppo


[1Rapport annuel 2023 sur l’état des lieux du sexisme en France, Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, janvier 2023.

[2« Rôles sociaux des femmes et des hommes. L’idée persistante d’une vocation maternelle des femmes malgré le déclin de l’adhésion aux stéréotypes de genre », Adrien Papuchon in Femmes et hommes, l’égalité en question, Insee Références, Insee, mars 2017.

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Date de première rédaction le 4 mars 2024.
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